Comme de nombreux autres groupes, Mötley Crüe raconte son histoire dans un biopic aussi rock que poignant.
« Ils n’étaient pas comme les autres groupes qui foutaient la merde parce que c’était ça être rock’n’roll. Mötley Crüe faisaient les pires conneries imaginables parce qu’ils étaient Mötley Crüe. » La description faite par leur producteur Doc McGhee dans The Dirt, le récent biopic consacré aux rockers californiens, est sobre. Mais limpide sur ce qu’était le groupe à ses débuts.
Depuis vendredi 22 mars sur Netflix, le public est invité à se plonger dans la vie du groupe auto-défini comme le plus sexe, drogue et rock’n’roll de tous les temps. Et dans la première partie, c’est bien ce qu’on donne à voir. La fondation de Mötley Crüe et ses rapides succès, tournés à la manière des comédies burlesques aux relents American Pie, School of Rock ou Tenacious D et le plectre du destin. Bref, quatre types un peu à la marge, jeunes, et pas des plus futés. Mais aussi des plus passionnés. C’est la rencontre, à Los Angeles, entre le batteur Tommy Lee et le bassiste Nikki Sixx, puis le guitariste Mick Mars et enfin le chanteur Vince Neil. L’alchimie est parfaite. Et explosive.
Tous les ingrédients, déjà présentés dans l’autobiographie du groupe en 2011 que met en images le réalisateur Jeff Tremaine, sont réunis pour une bonne dose de stupidité, agrémentée d’une louche conséquente d’inconscience. Premier concert en 1981, première bagarre avec le public. Puis les femmes, l’alcool et la drogue. S’enchaînent les dates, les succès, les disques, les rencontres, les délits, les chambres d’hôtels fracassées. En 1984 notamment, quand Mötley Crüe est invité à accompagner Ozzy Osbourne, pape de la débauche, sur sa tournée mondiale. Scène absurdissime entre Ozzy et le groupe au bord d’une piscine, qui en dit long sur ces fans de grosses guitares pour qui rien ne compte vraiment.
L’agonie
Puis l’ambiance change. Finie l’insouciance adolescente. Aussi bien dans l’histoire du groupe que dans le film. Vince Neil, complètement ivre, provoque un accident de la route. Avec lui dans la voiture, Razzle, le batteur de Hanoi Rocks, décède. Case prison quelques semaines. Puis désintox. Quand il revient, le groupe est à l’arrêt. Notamment Nikki Sixx. Qui se shoote de plus en plus, sans que le reste du groupe prenne conscience de l’ampleur des dégâts.
Fin décembre 1987, Sixx, entouré d’autres musiciens parmi lesquels on aperçoit le guitariste Slash, se fait le fix de trop. Overdose. Un ambulancier s’acharne pour le ramener à la vie alors que son collègue exige qu’il lui indique l’heure du décès. Par miracle, Nikki Sixx reprend son souffle.
Sixx exige que tous se reprennent. Et surtout se remettent sur les rails. Ni alcool, ni drogue. Mais le mal est fait. L’exubérance et les égos ont eu raison des membres de Mötley Crüe. 1992, Vince Neil s’en va. Le groupe, lui, continue avec d’autres chanteurs successifs. Si Neil tente tant bien que mal de rester sur la bonne voie, c’était sans compter un divorce, puis le décès de sa petite fille, Skylar, en 1995 à l’âge de quatre ans. Il faudra attendre deux ans encore avant que ses acolytes décident de reformer le gang sous la seule formule, originelle, qui permette à Mötley Crüe d’exister.

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