
La saison des festivals bat son plein. Avec Montreux Jazz et Paléo qui viennent de s’achever. Reste encore le Venoge Festival, le Rock Oz’ Arènes et l’ultime For Noise, tous agendés courant août. Jusque-là, les différentes programmations ont pu satisfaire un public au goût varié sur l’échiquier sonore.
Et c’est d’ailleurs la caractéristique principale du festival. Celle de proposer des saveurs qui conviennent au plus grand nombre. Aux amateurs de rock dur comme aux initiés de la chanson française. Aux fans de mélodies exotiques, comme aux mordus de musique autochtone. Ce qui fait un joli paquet d’un peu de tout, destiné aux jeunes comme aux vieux briscards qui parlent encore de leurs années folk.
De l’autre côté, le festival, c’est aussi le regret de certains qui voient défiler sur les scènes des performances qui diffèrent en longueur, de quarante-cinq minutes de concert jusqu’à une heure trente pour les plus chanceux. Un aspect industrie, à la chaîne, malheureusement obligé, entre les règlements parfois contraignants et les rouages qui doivent souvent être millimétrés pour que le tout fonctionne.
Si la saison n’est pas encore terminée, elle permet en revanche déjà d’attirer l’attention sur la différence de traitement que le festivalier reçoit selon le concert auquel il assiste. Car la satisfaction, ce n’est pas seulement le fait d’écouter son groupe fétiche ou le dernier en vogue. C’est aussi prendre dans la poire un show complet pour que l’ambiance soit réellement à la fête. Et de ce côté, il faut avouer que les performances sont variables.
A Montreux, le quasi octogénaire Buddy Guy s’est amusé à prendre son public à partie. Sur presque deux heures. Entre les discours d’introduction de ses morceaux. Pour y glisser quelques blagues parfois. Ou pour interpeller un enfant juste de l’autre côté de la fosse. Savoir si lui aussi joue de la guitare. C’est encore Buddy Guy qui est descendu des planches pour se mêler à la foule et faire hurler sa Stratocaster au milieu du Stravinski. Il y a aussi eu l’Ouragan Neil. A en croire les articles et les retours des festivaliers, le septuagénaire a su prouver qu’il était toujours Young. Et sur plus de trois heures survoltées.
Plus à l’ouest, sur la plaine de l’Asse à Nyon, les têtes d’affiches comptaient les bientôt sexagénaires Iron Maiden. Un concert de deux heures au cours duquel les Anglais, leur voix surtout, ont sans arrêt alpagué les Paléistes. Il faut que ça chante, il faut que ça bouge, il faut que ça tape dans les mains, quitte à être hors rythme. Mais il faut que ça s’amuse. Et le challenge a été relevé.
Etonnamment, les moins âgés, à l’image de Muse, en ouverture de Paléo mardi 19 juillet, semblent moins enclins à considérer le public. Sur scène, la performance artistique est rodée et efficace. Mais la ferveur devant est moindre. L’expérience, disent certains. Argument irrecevable, faut-il leur répondre. Car un groupe tel que Muse, c’est déjà sept albums studios, et presque vingt ans de tournées. Dont des shows grandioses dans des stades londoniens. Les conditions du festival, ajoutent les mêmes. Elles sont pratiquement identiques pour tous, faut-il leur rétorquer.
Au jeu du « Prends ça, public ! Tu me files quoi en échange ? » les vieux semblent bien plus performants que la jeune génération. Une façon de ne pas oublier qu’un concert se joue aussi bien sur scène que devant. Les milliers des personnes massées face aux planches ont de quoi rendre une performance plus somptueuse encore. Mais pour que l’exploit se réalise, les artistes doivent impulser le mouvement. A ce compte, et pour la saison estivale en cours, force est de constater que l’âge semble prodiguer la sagesse aux aînés, et que les jeunes singes doivent encore apprendre à faire la grimace.
Bref. Sur ce coup, je crois que je préfère les vieux !
David Trotta | Mardi 26 juillet 2016