Unlimited Love : un album ni red, ni hot, pour les Chili Peppers

Pas vraiment de quoi sauter de joie à l’écoute du douzième opus signé Red Hot Chili Peppers, qui marque pourtant le retour tant attendu de John Frusciante au sein du groupe.

David Trotta

Dire que l’annonce fin 2019 du retour de John Frusciante parmi les Red Hot Chili Peppers avait fait bondir de joie serait un euphémisme. Le quatuor californien, qui s’était aussi rapidement remis au travail, dès janvier 2020 pour préparer un nouvel album, avait fait grimper la température. Parce qu’elle devait acter la formule magique RHCP retrouvée. Celle qui avait un peu perdu de corps, et de piment, sous l’ère Josh Klinghoffer, remplaçant de Frusciante, qui n’a pas franchement réussi à s’imposer au sein du groupe. Encore moins à lui insuffler une patte personnelle.

Dire donc que l’arrivée imminente d’un douzième album studio, (le sixième pour John Frusciante, après « Mother’s Milk », « Blood Sugar Sex Magik », « Californication », « By the Way » et « Stadium Arcadium »), concrétisée par un premier Black Summer très prometteur, avait de quoi faire retenir son souffle, amoindrirait encore la très forte attente autour du nouvel opus.

Autant avouer que le soufflé est vite retombé au fil des dix-sept morceaux que compte « Unlimited Love », sorti le 1er avril. Un album qui contient certes des titres très intéressants, comme le premier single. Ainsi que These Are the Ways, actuellement sur toutes les ondes, aux sonorités réconfortantes, mélange pop et rock presque explosif. Idem pour Poster Child, rappel funk des premières amours des Chili Peppers ou Here Ever After, qui concrétise en tout début d’album la symbiose retrouvée du duo de feu basse/guitare, entre Flea et Frusciante.

Avec autant de titres, « Unlimited Love » rappelle évidemment « Stadium Arcadium », double album sorti en 2006. À la différence que ce dernier misait sur un nombre (très) important de chansons qu’on ne zappe pas, ainsi que plusieurs classiques de la discographie des Chili Peppers : Dani California, Snow, Hump de Bump, pour n’en citer que trois. Effet inverse avec « Unlimited Love », dont on se passerait (très) volontiers d’une partie du contenu, globalement incohérent, parfois répétitif, voire, à quelques occasions, pénible. On comprend certes la joie de vieux frères qui font à nouveau route commune. Sauf quand elle prend une forme sinueuse et particulièrement longue, version réunion de famille qui part dans tous les sens. Surtout le mauvais. Des heures durant. Celle à laquelle participe inévitablement la tante et son chien que personne ne peut piffrer (la tante), et qui plombe l’ambiance avant même le début des festivités.

Dommage, malgré quelques rares arrêts, eux, particulièrement émouvants. Mais noyés dans un flot de b-sides, chers aux Chili Peppers, que le groupe a malencontreusement jugé judicieux d’intégrer à ce qui donne un disque finalement de loin pas hot. Encore mois Red Hot.

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