UN REVENANT EN DEMI-TEINTE

CINÉMA – Très attendu, le dernier film qui met à l’affiche un Leonardo DiCaprio plus brillant que jamais ne convainc pas entièrement.

David Trotta

En salle depuis la semaine dernière, The Revenant, du réalisateur mexicain Alejandro González Iñárritu, fait beaucoup de bruit. Au Etats-Unis, il a déjà remporté de nombreux prix, notamment le Golden Globe du meilleur film dramatique. L’histoire: un groupe de trappeurs attaqué par des Indiens lors d’une expédition, aux Etats-Unis, début du 19e siècle. Pour rejoindre son camp en limitant les pertes humaines, l’équipée s’est adjoint les services de Hugh Glass (Leonardo DiCaprio). Mais Glass subit une attaque de grizzly qui manque de le tuer.

Suivis de près par les Arikaras sur le chemin du retour, les survivants décident de continuer leur route sans Hugh Glass, transporté sur une civière de fortune. Le chef de l’expédition demande toutefois à plusieurs bénévoles de veiller sur le trappeur jusqu’à ce qu’il ne rende son dernier souffle. La situation tourne au drame lorsque John Fitzgerald (Tom Hardy), l’un des trappeurs resté aux côtés du blessé, décide de l’enterrer vivant. Mais Hugh Glass survit, et se lance à la poursuite de Fitzgerald.

DiCaprio solaire
Beaucoup annoncent déjà que le rôle de Hugh Glass pourrait bien valoir un premier oscar à Leonardo DiCaprio. Et ceux-ci auront peut-être raison. Car l’acteur, connu pour la qualité de son jeu, se révèle magistral. A la manière de son rôle d’Arnie Grape dans Gilbert Grape, DiCaprio réussit l’exploit de faire oublier qu’il est en train de jouer. La douleur semble réelle, tout comme sa rage de vengeance.

Il faut bien sûr souligner l’intelligence du réalisateur. Car la magie tient précisément du fait que DiCaprio se focalise sur le mouvement et l’expression durant l’entier du film. Hugh Glass a été blessé à la gorge durant l’attaque par le grizzly, ce qui l’empêche de parler, obligeant DiCaprio a sublimer le moindre geste. Ce qu’il réussit avec une facilité déconcertante.

Faiblesses narratives
Même si le film dans son ensemble séduit, de nombreuses faiblesses viennent troubler ça et là. A commencer par les nombreux excès. Le réalisateur a décidé de montrer la violence humaine, et celle de la nature profonde et hostile. Mais il en montre bien plus que de raison. Certains choix sont pourtant audacieux, ceux par exemple de montrer la longue attaque du grizzly ou la manière dont le trappeur referme la plaie de sa gorge avec de la poudre à fusil. Mais à force, on se dit qu’il y en a trop, le tout devenant sanguinolent à la moindre occasion.

Et trop, c’est aussi le cas de plusieurs scènes superflues qui ne servent en rien l’intrigue. Après une attaque d’Indiens, d’un grizzly et une tentative de meurtre, le réalisateur choisit encore d’immerger Hugh Glass dans les rapides, et donc les cascades, et de la faire plonger dans le vide, d’une bonne trentaine de mètres, pour échapper à une nouvelle attaque. Des longueurs et des détails qui, accumulés, ne donnent pas franchement envie d’y revenir.

Dommage donc, puisque le choix de base de laisser les caméras au plus près de l’action et des personnages tient le plus souvent le spectateur en haleine, en l’introduisant au cœur des événements. Le tout se passant dans un décor aussi poétique que sauvage.

THE REVENANT

Laisser un commentaire