
Le groupe de rock Gotthard perdait son chanteur d’origine il y a dix, le 5 octobre 2010, suite à un tragique accident de la route.
Chanteur du plus grand groupe de rock suisse, Steve Lee perdait la vie il y a dix ans aujourd’hui lors d’une virée à moto sur les routes de l’Ouest américain. Hier soir, la RTS lui rendait hommage en diffusant le documentaire « Gotthard : One Life, One Soul ».
Au cours de celui-ci, on y apprend notamment que jeune, Lee ne se destinait pas au chant. Sans un concours de circonstances, à commencer par la défection du chanteur de Forsale, son groupe en 1987, Steve Lee ne se serait peut-être jamais emparé du micro. « Nous devions jouer un concert à Locarno, raconte-t-il dans une interview de 2010 et diffusée dans le documentaire. Quelques jours avant, il a quitté le groupe. Tout le monde m’a regardé et ils m’ont dit que j’étais un bon batteur, mais que je devrais chanter parce que je connaissais toutes les chansons. »
Bien plus qu’un simple remplaçant, Steve Lee s’avère surtout être un excellent chanteur, comme le confirme Leo Leoni, le guitariste et fondateur de Gotthard. « La première fois que j’ai vu Steve, il jouait de la batterie. Il chantait en même temps Child in Time, ce morceau historique de Deep Purple, une chanson très importante pour nous. J’ai été impressionné par sa manière de chanter ce morceau. Je me suis dit qu’avec une voix comme celle-ci, on peut convaincre le monde entier. »
L’accident
En 2010, Steve Lee est à la tête du plus grand groupe de l’histoire du rock suisse. Depuis 1992, le groupe a publié plus d’une dizaine d’albums, se produit dans les plus grands festivals et a imposé son nom dans le monde du rock international.
Le 5 octobre de la même année, il se trouve sur une route du Nevada, à l’Ouest des États-Unis, pour une traversée à moto du pays. « Steve et moi avons décidé de faire un voyage en Amérique, raconte Marc Lynn, bassiste du groupe. Nous voulions depuis longtemps partir en vacances ensemble, vivre quelque chose de bien et faire de la moto. Destination : la Californie, le Nevada, l’Utah et l’Arizona. On est allés dans la Vallée de la Mort, on a passé un bon moment, écouté de la musique. Il faisait un soleil magnifique. Jusqu’au célèbre mile 105. »
Lors de ce trajet, la météo change et contraint l’équipée de se garer sur la bande d’arrêt d’urgence pour enfiler des vêtements de pluie. À 17h15, un semi-remorque se déporte sur le bas-côté, percute plusieurs motos, dont une fauchera mortellement Steve Lee. « Vraiment la merde, lâche le musicien. Surtout parce qu’on est désemparé. On ne peut rien faire. C’est arrivé et il faut vivre avec. Et les images dans ta tête, personne ne te les enlève. »
Continuer ou non ?
Après le drame, les membres de Gotthard décident de maintenir le groupe, malgré la perte de Steve Lee. « Une moitié de moi était partie, livre Leo Leoni. J’ai passé 25 avec Gotthard, je peux donc dire que j’ai passé plus de la moitié de ma vie avec Steve. […] Il y a évidemment un moment où j’ai dit stop. On s’est retrouvés pour discuter de ce qu’il fallait faire. Les autres m’ont demandé ce que je voulais faire. Ils disaient que si je n’y étais pas, ça n’aurait plus de sens de continuer. »
Les membres du groupe prennent la décision de continuer, seulement s’ils trouvent la bonne personne pour reprendre le chant. « Nous voulions compléter l’équipe, pas seulement combler un vide », précise Marc Lynn. Après plusieurs centaines de postulations et une salve d’auditions, Gotthard se trouve un nouveau chanteur avec le Vaudois Nic Maeder, installé en Australie.
Après des débuts difficiles sur scène avec Gotthard, c’est finalement en 2012 sur les terres de Steve Lee que le chanteur réussira à convaincre les fans du groupe pour le premier vrai show en Suisse depuis la disparition de Lee. « Le concert Moon & Stars a été important pour la renaissance de Gotthard, assure Leo Leoni. On jouait à la maison, sur la place où Steve avait fait ses débuts en tant que chanteur. Si ça se passait mal, on se faisait tous fusiller. […] La Place de Locarno a baptisé Nic comme elle avait baptisé Steve. L’accueil du public a confirmé qu’on pouvait continuer avec lui, que c’était la bonne voie à emprunter. »