Présence de personnages centraux de la saga, retour dans des lieux phares de « Harry Potter ». Et surtout, explications de plusieurs mystères autour de Dumbledore. Le dernier volet des « Animaux fantastiques » décortiqués.
Qu’on se le dise d’emblée, l’histoire principale au cœur du dernier volet des « Animaux fantastiques », on s’en tamponne magistralement du côté de PLANS CULTES. Puissance pharaonique. Aussi colossale que les vieux égyptiens. « Maximum power », pour reprendre un terme cher à « Wave Race », le célèbre jeu de courses à jet ski dont les détentrices et détenteurs d’une Nintendo 64 se souviendront peut-être. Grosso modo : un très très méchant fait des choses très très méchantes, histoire de choper le pouvoir ultime, et réussir à faire des trucs encore plus très très méchants, avec sa bande de types pas franchement jojos.
Parce qu’avec ce troisième opus, la promesse est ailleurs. Et pas des moindres. Celle de lever enfin le voile sur des mystères qui planent depuis près de vingt ans autour d’un personnage iconique de la saga « Harry Potter » : Albus Perceval Wulfric Brian Dumbledore. Ou plus simplement le professeur Dumbledore, directeur de l’école de sorcellerie Poudlard et l’un des mages les plus puissants au monde. Alors avec un titre aussi alléchant, annonçant éclaircir des points noirs disséminés tout au long des sept volumes de « Harry Potter », huit en adaptation cinéma, il va sans dire que la trame, la lutte du bien contre le mal, les petites histoires d’amour et tout le bla bla classique des blockbusters, passe au second plan. Mais qu’apprend-on réellement ? Réponses plus bas.
À noter évidemment le retour tant attendu du monde de « Harry Potter » dans ce dernier volet de la saga. Avec l’apparition d’une jeune Minerva McGonagall, déjà professeure à Poudlard et fidèle alliée de Dumbledore, ainsi que celle d’Abelforth, le frère d’Albus. Sans compter la présence de lieux particulièrement appréciés des fans, à commencer par Poudlard et Pré-au-Lard, village à proximité de l’école de sorcellerie, qui abrite notamment la Tête de Sanglier, le pub dirigé par Abelforth. Établissement par lequel Harry, Ron et Hermione se faufileront, à travers un passage secret, pour entrer, dissimulés, au cœur de Poudlard dans « Les Reliques de la Mort ». Au moment où l’école est sous le contrôle de armées de Voldemort. Des ponts plutôt bien amenés, et très appréciés, pour faire le lien entre les sagas « Harry Potter » et « Les Animaux fantastiques ».
MASSIVE (SPOILERS) ATTACK
Dumbledore est gay. Entrons dans le vif du sujet. Comme son titre l’indique, le dernier opus de la saga plonge dans la vie du sorcier et annonce dès la première scène la couleur. Une fois encore, il est question d’une lutte du bien contre le mal. Mais cette fois-ci, entre deux êtres qui se connaissent particulièrement bien. Albus Dumbledore contre Gellert Grindelwald. Une guerre hautement symbolique, opposant deux anciens amants séparés par la vie. L’un au service du bien, l’autre en quête du pouvoir ultime et des forces obscures. Il s’agit aussi de l’une des rares et véritables histoires de cœur entre adultes racontée dans la saga « Potter », outre l’amour caché qu’a porté Severus Rogue jusqu’à sa mort envers la mère de Harry. Si dans « Harry Potter et le Reliques de la Mort », dernier tome de la série, l’auteure parle bien d’une relation fusionnelle, elle évoque pour sa part un lien fraternel. Contrairement au film, sorti mercredi dernier au cinéma, qui lui choisit de faire de Dumbledore et Grindelwald un couple dont l’amour persistera toujours. Malgré des chemins séparés, et un combat qui verra Dumbledore vaincre les funestes ambitions de son amant. Si cet aspect de la vie du sorcier n’est pas clairement indiqué dans les livres, J. K. Rowling l’avait toutefois elle-même souligné dans une lecture publique en 2007.
Ariana Dumbledore était une obscuriale. Si les fans de « Harry Potter » connaissent déjà passablement Abelforth, le frère d’Albus qui apparaît dans « Les Reliques de la Mort » pour aider Harry et ses acolytes dans leur guerre contre Voldemort, le mystère plane en revanche au sujet d’Ariana, leur jeune sœur décédée. En fin d’épopée, J. K. Rowling raconte que celle-ci a été tuée par un sort ayant manqué sa cible, au cours d’une dispute entre Albus, Abelforth et Grindelwald. Bien que « Les Secrets de Dumbledore » se contentent d’évoquer un duel entre les deux frères. Personne ne sait quelle baguette a causé le décès d’Ariana, mais Abelforth tiendra son aîné pour responsable. Toujours concernant Ariana, « Les Secrets de Dumbledore » mettent aussi des mots sur la personnalité de l’adolescente, contrairement au livre, qui invoque une force maléfique s’étant emparée d’Ariana après avoir été passée à tabac par d’autres enfants. Sans jamais attribuer de qualificatif à cet être obscur et destructeur. Une entité qui prend la forme d’une tempête noire incontrôlable, un obscurus, conduisant à terme au décès de son hôte. C’est d’ailleurs à cause d’un excès de colère d’Ariana que sera tuée Kendra Dumbledore, la mère d’Albus, Abelforth et Ariana.
Albus Dumbledore a un neveu caché. Présent depuis le début des « Animaux fantastiques », Croyance Bellebosse est en enfant abandonné, battu par sa mère d’adoption, qui, à force de refouler ses pouvoirs magiques, deviendra aussi un obscurial. Dans le dernier volet de la saga, on apprend qu’il est en réalité un Dumbeldore, fils d’Abelforth dont Albus, éloigné de son frère, ignorait l’existence. Comme le raconte Dumbledore dans le film, Abelforth serait tombé amoureux d’une jeune femme, dont on ignore tout, en même temps que naissaient les sentiments entre Albus et Grindelwald. De l’amour d’Abelforth et sa petite amie naîtra Croyance. Mais, enceinte hors du cadre du mariage, la jeune femme sera contrainte de quitter Godric’s Hollow, la ville de la plupart des grands mages de « Harry Potter ».
Les lectrices et lecteurs les plus assidus des romans ne se laisseront peut-être pas enchanter par ces ultimes révélations. Reste que consacrer une intrigue parallèle à ce que beaucoup auront sûrement oublié, fait de ce dernier volet une belle conclusion à une saga culte. Certes « Les Animaux fantastiques » ont prolongé une partie du plaisir « Harry Potter », sans jamais vraiment réussir combler les fans les plus invétérés. Avec « Les Secrets de Dumbledore » en revanche, et l’ambitieux choix de revenir aux fondamentaux, aux personnages forts et aux lieux magiques, tout en démystifiant enfin quelques éléments à peine effleurés sous la plume de J. K. Rowling, bien plus densément expliqués dans le film, on replonge, deux heures durant, dans la magie des premières heures. Avec beaucoup de nostalgie et de nombreux souvenirs qui ont accompagné plusieurs générations depuis plus de vingt ans.
Une ombre au tableau enfin, l’absence de Johnny Depp dans le rôle de Gellert Grindelwald, écarté des studios suite à ses démêlés avec son ex-femme. Un personnage très bien incarné par Mads Mikkelsen certes, mais une lecture globale du film parasitée par les affaires judiciaires de Depp.