FALLAIT S’LÂCHER, MONSIEUR !

La pochette de « Living the Dream »

Le guitariste Slash revient là où on ne l’attendait pas. Peut-être aurait-il dû se présenter là où son public espérait le voir arriver.

L’annonce de la reformation des Guns N’ Roses avait fait grand bruit en 2016. Parce que les deux principaux protagonistes du célèbre groupe de hard rock, Axl Rose le chanteur et Slash le guitariste soliste, ne s’étaient plus adressé la parole depuis leur brouille vieille de vingt ans. Et pourtant, la fine équipe est bien remontée sur scène. Certains ont hurlé à la mascarade financière. D’autres se sont simplement réjouis.

Depuis, les Guns ont célébré les trente ans de leur premier album Appetite for Destruction. Son remastering, paru un peu plus tôt cette année, divulguait nombre de démos ainsi qu’un inédit. Tous les signaux étaient donc au vert. Une seule question brûlait les lèvres des fans : à quand un nouvel opus d’inédits ? Après deux ans de tournée, il fallait bien cela. Il va pourtant falloir attendre, et peut-être encore très longtemps. Pourquoi ? Simplement parce que Slash vient de sortir Living the Dream, son troisième album en compagnie de son acolyte Myles Kennedy et des Conspirators. Franchement dommage.

Même pas en rêve
Depuis un certain temps, le combo égraine sur le web plusieurs de ses nouvelles compositions. L’une après l’autre, elles augurent du bon. Les titres se tiennent. Plutôt pas mal d’ailleurs. Mais on attend l’album, qui révèle toujours quelques pépites, rarement diffusées en guise d’amuse-bouche. Sauf cette fois-ci. L’album part. Puis se termine. Quelques haussements de sourcils. Mais rien de plus. Conclusion : ni bon, ni mauvais.

Une question se pose donc : Slash se sentirait-il trop apaisé ? On se réjouit évidemment que tout semble sourire au guitariste. Mais quelque chose semble lui manquer. Être challengé par ses vieux partenaires peut-être, quand on sait que les différents égos étaient en lutte constante durant leur âge d’or. Un coup de blues aussi. C’est ce qui fait en général sa particularité. Les riffs issus des tripes, du cœur et de l’âme. Souvent après des coups durs. Ici, c’est avant tout les doigts seuls qui semblent œuvrer. Moins les sentiments. Les riffs s’enchaînent, aucun ne sort du lot. Les solos arrivent : certains brillent par leur technique, mais aussi leur manque d’efficacité. En réalité, le musicien semble avoir oublié de s’lâcher.

À se demander enfin si Slash n’avait pas un peu la tête ailleurs, partagé entre une tournée colossale des stades avec les Guns et des riffs qu’il gardait dans un coin en vue de reprendre le chemin des studios avec Kennedy et les Conspirators. Même si au bout du compte le guitariste a fait le job, à ce niveau, cet état d’esprit est insuffisant.

David Trotta

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