Pas encore 40 ans, et déjà un dix-huitième album. Sorti vendredi dernier, Blues of Desperation du virtuose Joe Bonamassa propose un solide blues contemporain.
David Trotta
Et si on se faisait un petit blues? Pas du genre à grand-papa. De celui avec une grosse paire de couilles, posée bien en évidence sur la table! Direction donc Joe Bonamassa et son 18e opus studio sorti vendredi dernier, Blues of Desperation.
L’album commence assez sobrement. Avec This Train. Relativement intéressant dans la mesure où il rappelle la lignée blues dans laquelle s’inscrit le virtuose de 38 ans, le morceau reste très, certainement même trop, classique. Les sonorités et le jeu rappellent l’époque du grand Stevie Ray Vaughan. Ce genre de blues largement teinté d’un rock’n’roll assez pur. Mais la locomotive démarre lentement. Bonamassa montre qu’il maîtrise son sujet. On se dit « ok, mais passons aux choses sérieuses. »
Et les choses sérieuses arrivent très vite. Dès Mountain Climbing, le deuxième titre. Les guitares et la basse grincent, la batterie frappe. Du lourd. Puis Bonamassa pose sa voix. Plutôt, il la lance, et avec la manière. La rage monte avec le refrain et les chœurs qui s’apparentent presque à un orgue électrique. Un tout qui frôle les frontières du hard rock. Evidemment, avec une telle puissance et le talent que tout le monde reconnaît à Bonamassa, on attend le solo avec impatience. Enfin, il arrive, lent, dans une forme de classicisme blues. Peu de notes, mais toutes sont pensées, égrainées sur Les Paul. Puis il monte en intensité et en rapidité pour un final en apothéose. Une véritable pépite!
Un génie qui se retrouve à plusieurs endroits de l’album. Comme sur No Good Place for the Lonely, Blues of Desperation, ou encore Distant Lonsesome Train. Autant de façons qu’a Bonamassa de prouver, encore et encore, son talent de composition, de jeu et de chant. Ils soulignent tous la recherche sonore constante de l’artiste. Les guitares notamment ne sont pas choisies au hasard. Quand c’est le son Stratocaster qui est le plus adapté, c’est une Stratocaster qui vient sublimer. Quand les besoins se dirigent vers une Les Paul, ou sa « V » fétiche, elles ne se font pas attendre. Il est tout aussi intéressant de constater que Bonamassa n’hésite pas à sortir de ses zones de confort, par exemple en empoignant une Thunderbird.
Et on se dit que c’est doublement dommage quand Joe Bonamassa insiste pour placer un morceau totalement superflu. Non qu’il le fasse de la mauvaise manière, mais qui ne projette aucune émotion, comme si l’artiste n’y croyait pas, en réalité. Une impression très forte après écoute de The Valley Runs Low. Un titre country sans aucune saveur. Sans la patte de Bonamassa, en fait. Comme s’il n’était qu’un interprète qui aurait découvert la partition quelques secondes avant que l’enregistreur démarre, sans avoir le temps de s’approprier la matière. Heureusement, seule sortie de route, Bonamassa ne réitère pas. Ce qui, au final, ne gâche que très peu la globalité de haut vol de l’ensemble.