Très audacieux, le jeune Gizmo Varillas offre un moment à part au public des Docks.
David Trotta
C’est l’une des critiques que l’on entend régulièrement au sujet des jeunes artistes. A force de vouloir se faire remarquer, ils en font trop. Trop d’instruments, trop de lignes, trop de variations. Juste trop.
Hier soir, l’un d’entre eux s’est distingué par une sobriété remarquable sur les planches des Docks, à Lausanne. En première partie de la tournée suisse et allemande, qui se bouclait au cœur de la capitale vaudoise, Gizmo Varillas s’est présenté seul face au public. Simplement lui, sa guitare classique et sa voix.
Certes la formule ne peut tenir la distance. Pour preuve, l’entrée en matière pour la soirée d’hier n’a duré que 25 minutes. Mais 25 minutes au cours desquelles le songwriter a fait l’éloge de la simplicité. Quelques chansons seulement, parfois en accords, parfois en arpèges sur ces cordes de nylon, où Varillas fait passer son message. Son incompréhension de combattre la guerre par la guerre. Les souvenirs des journées avec son père sur les plages de son Espagne natale. Tout en douceur.
Et l’humilité se prolonge. Le set terminé, il attendra le public vers le vestiaire. Hier soir « pour des raisons de taxes », il n’a pas pu vendre son album. Mais il le fera parvenir à ceux qui lui transmettront une adresse mail. Vrai ce mensonge ? Vrai ! Gizmo Varillas installe une petite table entre le vestiaire et l’entrée de la salle de concert. Les gens vont et viennent, parlent avec lui quelques instants. Il finit par leur tendre la feuille de papier chiffonnée sur laquelle chacun laisse ses coordonnées.
Un moment un peu à part, où l’artiste fait preuve d’un culot auquel nous ne sommes que rarement confrontés. Le culot de simplicité. Un mec, une guitare, sa musique. Et la formule a payé hier soir à Lausanne. Sur les planches, Gizmo Varillas le souligne : « Vous avez été si attentifs. D’autres concerts ont été bien plus compliqués. » S’il a été relativement bref, le moment restera certainement dans les esprits comme un bel exemple de communion et d’intimité entre un artiste et le public, qui ne s’est initialement pas déplacé pour lui, mais qu’il a résolument réussi à faire sien.