CE SOIR-LÀ, SEAN A ÉTÉ SEAN

Par David Trotta

Cette année, voire cette décennie en entier, les occasions sont nombreuses de se remémorer faits et anecdotes sur les Beatles. Cinquante ans après la déferlante, on aurait tort de ne pas se souvenir de ce qu’ils ont fait et de ce qu’ils ont été. Mais aujourd’hui, s’il est bien question de Lennon, ce n’est pas précisément à John qu’il faut penser. Alors qui ?

À l’ouverture de la dix-neuvième édition du For Noise ce jeudi, il est question de Sean Lennon, fils de John et Yoko, qui se produisait l’an dernier sur les planches du festival pulliéran. Retour sur une soirée marquée par l’empreinte d’un homme.

Le premier soir du For Noise 2014, jeudi 21 août à 20h45, un groupe à l’acronyme incongru doit se produire sur la grande scène. Après recherche, The GOASTT, pour The Ghost of a Saber Tooth Tiger (le fantôme d’un tigre à dents de sabre), laisse bouche béante et yeux écarquillés à la découverte du nom de famille du fondateur et meneur de la formation. Sean Lennon est bien « le fils de vous savez qui et vous savez qui », précisait le fascicule de présentation rédigé par le festival.

Forcément, quand on entend Lennon, on imagine John. Et en apercevant le visage de Sean, on voit du John. Sur place, à Pully, partout on entend (John) Lennon. Tous attendent que la magie opère. Et elle va opérer. Mais pas comme la plupart l’attendaient.

À 20h45, quelques minutes plus tard certainement, The GOASTT entrent en scène. Au front, Sean. Ayant habité en Suisse quelques années durant son enfance, il s’adresse au public en français. Comme quelques autres célébrités, il a effectué une partie de sa scolarité à Rolle. Des choses qu’il raconte au public pour avouer sa connaissance de « la région » et de ses habitants. Ressemblance avec le père, la voix du fils souligne un timbre très familier. Mais bien heureusement, malgré des attentes vouées à la déception pour la plupart des âmes massées devant la grande scène, Sean a fait du Sean. A savoir proposer une musique à part entière, un pop-rock psychédélique de son cru et de celui de son groupe.

Ce soir-là, Sean présentait son nouvel album, sorti quelques mois seulement avant le concert au For Noise. Ce soir-là, Sean a fait oublier John tant il a brillé par sa personnalité, par son chant percutant, par ses compositions grandioses et par son jeu de guitare virtuose souvent proche d’un certain Jimi. Ce soir-là, Sean a été Sean, qu’importent les déçus, qu’importent ceux qu’il n’aura pas convaincu. Un homme qui mérite une reconnaissance non pas en raison d’un nom hérité, mais pour l’artiste singulier et complet qu’est Sean Lennon.

Midnight Sun, sorti en 2014, en est la preuve. Animals en particulier.

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