Laura Laune : l’ange derrière le démon

Humour noir et sourire angélique, Laura Laune se dévoile dans un doc touchant. Entre débuts difficiles, censure et triomphe.

David Trotta

Révélée grâce à sa victoire dans l’émission « La France a un incroyable talent » en 2017, Laura Laune, star francophone de l’humour cinglant, est la vedette d’un doc diffusé pour la première fois hier soir sur C8. « Laura Laune : la victoire de l’audace » est l’occasion de découvrir la Belge de 35 ans autrement, de voir ce qui se cache derrière les atrocités racontées, ou chantées, sous couvert de gueule d’ange.

À commencer par des années compliquées, au cours desquelles on lui conseille souvent soit de changer de registre, parce que le public ne peut adhérer à son genre d’humour. Notamment déclamé par une femme. Ce qui la conduit à être régulièrement censurée, aujourd’hui encore, comme le raconte dans le doc son compagnon de route et producteur Jérémy Ferrari, autre star de l’humour noir en France.

« J’ai mes propres codes. J’ai mes propres règles.
Je pense que ça participe aussi à mon humour.
Le fait de n’avoir aucun filtre,
forcément, m’a amené à faire cet humour-là »
Laura Laune

On y découvre aussi une acharnée de travail, capable de rester plusieurs heures sur une seule et même phrase, ou de recommencer encore et encore (et encore et encore) les prises de voix pour l’enregistrement d’un album, comme les prises pour un sketch tourné aux Canaries avec son ami Guillaume Bats. Une éternelle insatisfaite confesse-t-elle à Eric Antoine, le magicien-humoriste et membre du jury de « La France a un incroyable talent ». Juré qui croit fermement au talent de la candidate. Et à raison, puisqu’elle gagnera le concours. Le travail, l’un de ses trois crédos avec le fait de s’en foutre et l’audace.

« Les clefs de ma vie »

Laura Laune révèle aussi être atteinte du syndrome Asperger. « On a beaucoup de problèmes à comprendre les conventions sociales. Du coup, mon cerveau fonctionne à mille à l’heure en permanence pour comprendre ce qui m’entoure, ce qu’on attend de moi, ce que je dois faire, comment réagir, etc. Pour moi, ça génère énormément de fatigue », confie l’humoriste. C’est parce qu’on lui dit à plusieurs reprises qu’elle présenterait des traits autistiques que la jeune femme commence à s’intéresser à ce syndrome, dans lequel elle se reconnaît instantanément. Le diagnostic sera confirmé par la médecine. « Tous les liens se sont faits dans ma tête. J’ai eu les clefs de ma vie. J’ai compris comment je fonctionnais », raconte Laura Laune.

Une vie qu’elle imagine tôt, vers l’âge de dix ans sur les planches. Parce qu’elle se sent en décalage, aux envies, goûts et besoins différents des autres. « Je me suis vite rendu compte que les gens qui faisaient rire les autres étaient toujours les gens populaires, que tout le monde aimait. J’ai vite compris que le rire était la clef d’un point de vue social », souligne Laura Laune, qui ne cherche pourtant pas à plaire à tout le monde.

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